Perception psychique : Une maladie mentale ?
En un peu plus de 10 ans, j'ai lu beaucoup d'ouvrages traitant de schizophrénie, des troubles du comportement, d'autisme, parce qu'à un moment donné, il me fallait trouver, comprendre, savoir dans quelle case mes perceptions pouvaient bien me trouver. Dans à peu près tous ces livres, les auteurs semblent crier d'une seule voix l'évidence de savoir « comment diagnostiquer la maladie mentale » mais dans une autre, beaucoup plus discrète celle-ci, ils disent aussi « vous savez, en fait, nos instruments ne nous permettent pas d'être certain de tout ». La question que cette idée soulève n'est pas tant que l'on chercher à soigner ces « malades », mais plutôt de demander si on les soigne avec les bons outils. Aujourd'hui, il semble que le meilleur moyen de « soigner » ces malades, consiste à leur administrer à tâtons le médicament qui réduira leurs « symptômes », à leur faire recouvrer une vie « normale » en les aidant ensuite à s'intégrer dans une collectivité qui n'est pas réellement notre société, mais qui accepte éventuellement leur compétence. Mes propos n'ont pas la prétention de révolutionner ce que l'on sait sur la maladie, mais de demander « comment sait-on que la façon de voir la maladie mentale est seulement le bon point de vue ? ». Pourquoi la déclarer uniquement comme une anomalie ? Je n'ai pas les compétences médicales pour savoir ce qu'exprime le malade, mais n'y a-t-il pas dans sa plainte un besoin de comprendre ce qui lui arrive, qui se trouve justement à la base de notre compréhension du monde ? J'ai l'impression que l'étiologie de la maladie mentale à du mal à accepter la « sensibilité de la perception mentale » comme une réalité cognitive non physique. Par « sensibilité de la perception mentale », je veux introduire l'idée d'un état de conscience qui se rapprocherait de nos sens physiques sous un aspect psychique, celle que l'on « connaît ». Sous cet angle, il est aisé de réduire tout le domaine de la parapsychologie à une maladie ou une anormalité (ce que les sceptiques font très bien). En ouvrant le dialogue, je souhaite que l'étude des maladies soit compris sous l'angle d'un dérèglement perceptifs que l'on peut discipliner (sans doute), et comme une incompréhension perceptive qui se traduirait par les « symptômes » détaillés ci-dessous.
L'extrait de cette thèse à été dénichée sur internet. Elle est est introduit ici pour rappeler l'éthiologie de la maladie, pour sa clarté et ses observations « amusantes ».
LA SCHIZOPHRENIE, SES TRAITEMENTS ET LEUR EVOLUTION A L’HOPITAL RAVENEL THESE DE 2000 A 2006. Présentée et soutenue publiquement Le 15 Juillet 2009 pour obtenir le Diplôme d'Etat de Docteur en Pharmacie par François SCHNEIDER - UNIVERSITE Henri Poincaré - Nancy 1 FACULTE DE PHARMACIE
VI. SEMIOLOGIE
1. Les hallucinations (36)
L’hallucination est la perception de quelque chose qui n’existe pas, que les autres ne peuvent pas percevoir, mais qui fait partie de la réalité de l’halluciné. « Pour moi, c’est vrai ! » comme les patients peuvent l’expliquer lors des entretiens avec le médecin. Les hallucinations peuvent toucher les cinq sens, que nous avons choisi d’illustrer par les exemples suivants.
1.1 Hallucinations auditives Dans l’unité Chopin de l’hôpital Ravenel, Mme R « entend les balles de pistolet siffler autour d’elle ». Pourtant, elle ne voit ni les balles ni les personnes armées.
1.2 Hallucinations visuelles Mme R voit des tigres et des lions se promener librement dans le service, animaux qui peuvent parfois s’attaquer à elle, et exclusivement à elle.
1.3 Hallucinations olfactives M T sent une odeur désagréable dans sa chambre qui, selon lui, serait celle du gaz. Plusieurs membres de l’équipe soignante et du personnel de maintenance se sont déplacés jusqu’à sa chambre afin de détecter une fuite éventuelle, mais les résultats ont toujours été négatifs. Cette plainte a alors été rattachée à une hallucination olfactive. L’adhésion à cette hallucination était telle que M T qui le réclamait a été finalement changé de chambre ce qui a paradoxalement fait disparaître l’hallucination. Cet événement aurait pu être délicat car un changement pour un patient souffrant de schizophrénie n’est pas toujours souhaitable. Bien évidemment le nouvel occupant de la chambre libérée ne s’est jamais plaint d’odeurs étranges ou inhabituelles.
1.4 Hallucinations gustatives M L dit avoir un goût de pourri dans la bouche. Après recherche de mycose dans la cavité buccale, d’analyse des prescriptions pour éliminer une cause iatrogène et un questionnement plus détaillé sur l’apparition de ce phénomène, l’hallucination gustative a été finalement retenue.
1.5 Hallucinations tactiles Élémentaires ou plus élaborées, elles intéressent le plus souvent la sensibilité cutanéomuqueuse ou hypodermique : sensations de froid ou d’humidité, de chaud ou de brûlure, de piqûres, de pincements ou de fourmillements, de démangeaisons ou de reptation, voire de grouillement. M R, avait « des insectes ou parasites rampant sur la peau ». Après de multiples visites chez le dermatologue à la recherche d’une éventuelle parasitose cutanée qui se sont toujours avérées négatives, le diagnostic d’hallucination a été posé. Cependant le vécu hallucinatoire du patient a conduit à d’importantes lésions de grattage.
1.6 Parfois les hallucinations sont intérieures Elles intéressent la sensibilité corporelle profonde « des ondes dans le corps, des courants électriques… », voire des sensations génitales d’orgasme ou de viol. Il existe également des hallucinations psychiques où la pensée devient elle-même objet d’hallucinations. « Des voix dans ma tête me donnent des conseils ou des ordres ou font des commentaires ».
2. Les idées délirantes
Les idées délirantes sont des convictions personnelles erronées. Contrairement aux croyances habituelles, il existe une conviction inébranlable rendant le patient insensible à toute argumentation : il est impossible de raisonner logiquement avec lui ; même confronté à des preuves concrètes, il continue de croire fermement à son idée. Les idées délirantes peuvent être associées à des hallucinations ; la conviction n’en est que plus importante. (35) Les idées délirantes sont fortement associées à la maladie et ainsi sources d’angoisse et de perte de sentiment de contrôle de l’individualité : les sentiments de possession, l’impression que l’on peut lire dans les pensées, voire les entendre (pouvant s’intégrer dans un syndrome très complexe dénommé automatisme mental). Ces idées délirantes créent une perte des limites et un sentiment d’absence totale d’intimité pouvant déboucher sur un syndrome de persécution. Les formes sont variables. M D d’origine africaine répète sans cesse : « Je suis le fils de Michael JORDAN et de Whitney HOUSTON ». M R, quant à lui, pense que l’on voit son « intérieur » s’il croise le regard de quelqu’un : « On peut lire ou entendre mes pensées en me regardant ». Parfois, les idées délirante trouvent un point d’ancrage dans la réalité, comme ce patient qui, voyant une voiture rouge explique : « Je crois que c’est un signe et que je suis menacé ». Les idées délirantes peuvent ainsi pousser la personne à se sentir menacée, en danger ou à penser qu’on lui veut du mal.
3. Les troubles de la pensée (35)
Si les hallucinations et le délire sont parmi les symptômes les plus spectaculaires, symptômes dits positifs ou productifs, la particularité de la maladie porte sur la désorganisation du processus de la pensée, des émotions et de la perception de sa propre identité. Elle participe à l’impression que possèdent les patients de ne plus maîtriser leur propre pensée, leurs propres sentiments. D’ailleurs la schizophrénie se manifeste, souvent insidieusement, par un décrochage scolaire, un repli, un isolement. Les patients peuvent avoir l’impression que leur pensée « s’arrête ». Les troubles de la pensée des schizophrènes restent difficilement communicables et compréhensibles ce qui accentue leur isolement. Certains parviennent cependant à évoquer le sentiment d’avoir « le cerveau en pause » ou d’une perte de contrôle de la volonté. Cette désorganisation des processus de la pensée peut aboutir à un discours vague parfois totalement incompréhensible, comme vide de sens. Les réponses peuvent être « hors de tout propos » et le raisonnement apparaît comme illogique. Au maximum, le discours peut devenir hermétique avec des néologismes, une altération de la syntaxe, ce qui peut être qualifié de schizophasie. Dans la majorité des cas, après traitement, cette désorganisation s’améliore, au moins partiellement.
4. Les troubles de la vie affective (31) (35)
Ce sont des difficultés à exprimer et à partager ses émotions : « Mes sentiments se mélangent, ils sont trop forts, ils changent trop vite, ils sont parfois contradictoires, ils sont parfois décalés ». La désorganisation de la vie affective atteint les sentiments au point que le patient peut éprouver en même temps deux émotions contradictoires. Ces fluctuations émotionnelles s’expriment parfois par des colères impulsives, notamment vis-à-vis des parents, alors que, dans le même temps, les patients paraissent incapables de vivre sans eux. Cette désorganisation affective conduit à des attitudes paradoxales qui induisent chez les proches une souffrance morale, une culpabilité ou un rejet. Il peut ainsi se créer un cercle vicieux d’agressivité voire de violence, favorisé par l’incompréhension de la maladie.
5. La réduction de l’activité (31) (35) A certaines périodes et dans des délais relativement courts allant de quelques minutes à quelques heures, un patient peut subir une très forte réduction de l’activité. En effet les exemples suivants ont été observés dans les différents services de l’hôpital Ravenel : La communication pour un schizophrène n’est pas chose facile. En effet organiser ou entreprendre une action, voire pour certains tenir une conversation peut nécessiter des efforts importants. De plus le versant négatif de la symptomatologie peut pousser le patient à passer un grand nombre d’heures à ne rien faire, devant la télévision du service ou ailleurs, à fumer ou à s’allonger sur son lit. D’autres activités de la vie courante sont ou semblent laborieuses comme entretenir son ménage, faire son lit ou même changer ses vêtements ou se laver.
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