Le visage de la Mort

Il arrive fréquemment qu'un Invisible soit à côté d'une personne en bonne santé, mais cela signifie tout autre chose lorsqu'il est près d'un mourant.

Pour commencer, je ne suis pas capable de dire exactement à quel moment un homme va décéder. À cette question, la plupart des Invisibles m'ont répondu doucement « bientôt ». Ce « bientôt » tend en général à se démontrer sous une huitaine de jours tout au plus. Leur présence coïncide d'ailleurs avec ces circonstances. En principe, c'est leur façon de m'apparaître dans cette période-là qui les distingue des Invisibles habituels qui collent aux baskets des biens portants : c’est une présence dont j'apprends d'elle qu'elle est le père, la mère, un membre de sa famille, quelqu’un qui a compté pour lui, une personne aimante en particulier et que le mourant doit forcément reconnaître pour accepter ensuite de la suivre ; c'est leur attitude singulière aussi, un mélange de compassion et de bienveillance, une assistance pour faciliter la décorporation prochaine ; il y a enfin ma perception de l'énergie qui me confirme son imminence quand je vois de quelle façon le corps énergétique se comporte. Au début, je n'étais pas certain de faire correctement le lien entre tous ces points. Mais j'ai appris à voir que cette semaine-là n'était pas sans raison : elle permettait à l'individu d'effacer son ardoise (avec les proches en particulier) et de partir en toute quiétude - à ce moment-là, mon rôle se limite à l'aider dans cette tâche. Ni les hommes, ni les femmes n'ont semblé savoir à l'avance que c'était bientôt leur heure. La seule fois où j'ai voulu prévenir quelqu'un, un Invisible m'a ordonné de ne rien dire (à juste titre). De même, je ne suis pas sûr qu'ils aient été conscients de cette présence à leurs côtés. Cependant, je suis persuadé qu'ils leurs soufflent l'idée...

Tous les doutes étaient permis jusqu'au moment où j'ai assisté à leur départ et à leur passage dans l'au-delà. À partir de ce jour-là, j'ai agit différemment vis à vis des familles. Aujourd'hui, lorsque j'ai l'accord pour leurs en parler, je me fais assister de l'Invisible à qui je demande des instructions. Il est arrivé qu'une seule fois, au tout début, où l'un d'eux m'a laissé faire le choix d'en parler ou non : je n'en menais pas large, mais j'ai décidé d'en discuter en prenant la mesure de mes paroles : la première fois, ce n'est jamais simple ! Cependant, toute la famille y a consacré tout son temps et à pu faire ses adieux chacun à sa façon. C'est ce qu'on m'a dit à ce sujet qui fait qu'on m'en a été très reconnaissant. On m'en a voulu un peu aussi, mais c'est pardonné aujourd'hui. Cela m'a encouragé à continuer à faire le relais entre les deux mondes. J'ai pris plus d'assurance avec le temps. Toutes ces perceptions font que beaucoup de situations sont difficiles à décrire, parce que c'est inconcevable d'en parler ouvertement dans notre société actuelle. Je fais avec, en mesurant ce que je dis. C'est bon de se savoir épaulé dans les épreuves.

Un livre que j'ai apprécié sur ce sujet :

Et après - Guillaume Musso (le film également)


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