Le développement personnel sans aide extérieure : un danger pour la société ?

La disponibilité d’ouvrages sur le développement personnel et ceux, dans le même centre d’intérêt, qui sont orientés vers une forme de spiritualité, n’apporte pas toujours à l’esprit la finalité de ce pour quoi ils sont écrits.


Les ouvrages de développement personnel savent favoriser des prises de conscience de son état d’être, motiver l’individu à comprendre qui il est, à lui faire comprendre son attitude en situation ; ils offrent la possibilité de dresser un bilan très général de son état psychologique actuel sans avoir à se soucier de l’avis d’un psy sur son état (1) ; l’éditeur d’ouvrages sur le développement personnel laisse ce choix à l’initiative du lecteur ; paradoxalement, c’est un lecteur rarement informé de l’intérêt cette prérogative. On peut croire que le livre n’a pas la prétention de se substituer à un psy parce qu’il offre un menu à un consommateur désireux de se connaître ; sans vouloir nuire au travail de ces éditeurs dont le choix de leurs auteurs est parfois remarquable, il convient de rappeler que le monde de l’édition est avant tout un commerce ; pour en avoir lu un certain nombre par le passé, je peux témoigner que ces livres n’ont pas la même efficacité qu’un psy - du moment que celui-ci éprouve le besoin de vous aider plutôt que d’aimer votre argent (mais ceci est une autre histoire). 


Les ouvrages d’initiation à la spiritualité offrent aussi des moyens de travailler sur soi-même (le Catéchisme ayant été le premier d’entre eux, avant l’arrivée du New Âge). Les ouvrages de ce type n’hésitent pas à conquérir la planète pour instituer un courant de pensée auquel le lecteur ne manque pas de s’intéresser ; forcément, le message est une image à l’inverse de notre quotidien, et aussi un bon moyen d’y échapper (2). Les personnes qui se trouvaient en difficulté (entendez, ayant besoin d’une aide psychologique) ont trouvé dans ces ouvrages un autre moyen de lutter contre leurs problèmes. Ils s’entassent enfin sur des forums en se flattant mutuellement et en attendant le jour ou la vision de leur espace psychédélique deviendra leur réalité. Peu à peu, la drogue ou le poison que ces ouvrages distillent dans leur esprit les convaincs que les événements actuels sont la conséquence de leur propre déchéance la décadence des autres et qu’ils sont dorénavant au nombre des Élus. Pourtant, bien que ces ouvrages suggèrent de conserver son discernement face à l’ensemble de ses lectures, il n’en reste pas moins que l’idée s’insinue dans les esprits et que le risque de développer une maladie mentale (?) est d’autant plus grand que le décalage de la réalité est important. Mais si la solution de l’antidépresseur ou de l’anxiolytique pose un dernier rempart pour maintenir cet individu dans la société, elle nourrit finalement en arrière-plan toute une industrie capitalisée (mais ceci est aussi une autre histoire).


Il est malheureux de constater qu’un grand nombre d’individus somatisent leurs symptômes psy en ayant la conviction de communiquer avec leur organisme : c’est ceux qui comprennent, quand ils ont des vertiges, qu’une limite de stress est atteinte par le corps et qu’il faut maintenant penser à décompresser ; c’est un mal de dos, de jambes, des douleurs articulaires que la langue française ne manque pas d’imager. À chaque manifestation physique se déniche une couture psychique, sorte de cicatrice plus ou moins bien suturée avec le temps, et qui a tendance à faire mal dans certaines situations. Sous le prétexte de satisfaire à son "évolution", beaucoup de personnes croient donc à tord qu’ils ont affinés leurs perceptions et leur regard sur le monde, sans se douter que le corps se manifeste aujourd’hui à outrance d’avoir toujours été littéralement bâillonné jusqu’ici, et que le monde n’a changé que parce qu’on a commencé à s’ouvrir aux autres. Il faut pourtant un début à tout ; selon les difficultés rencontrées, il arrive toujours un moment où des évènements nous amènent à ne plus être repliés sur soi-même. Je continue de dire que quand cette difficulté persiste, il faudrait consulter un psy dans une courte période. Son ouverture aux autres procure alors un phénomène où l’autre n’est plus la menace que l’on pensait connaître, et son développement met inévitablement une distance à l’indifférence dont on a pu faire l’objet. Le danger ne serait donc pas de croire que "le monde pourrait être différent, si...", mais de penser que l’on parviendra à l’imaginer différemment tout seul.

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(1) Appelons un chat un chat : être psy, c’est un métier ! Je dirai même plus : chacun son métier ! Selon le problème qui nous atteint et son implication dans notre quotidien, il est donc nécessaire de consulter le psy adéquat (depuis le psychiatre au psychologue). Le principe de ce type de consultation étant de confier son problème à un spécialiste qui a l’expérience de milliers de patients pour nous amener à dénouer et démêler les nœuds du problème. 


(2) Le New Âge a très bien évolué depuis 50 ans, car il s’est approprié l’esprit de ceux qui ne croyaient plus en un dieu unique, sans pour autant leur faire abandonner ce concept fort en leur soumettant l’idée d’une Source universelle (unique, elle aussi) prompte à nous aimer tous, à guider et nous apprendre à dominer nos instincts. À l’approche de 2012, les bases sont posées ; on y a même introduit toutes sortes de prophéties (Apocalypse, Malachie, Maya, Hopi, Nouvel Ordre Mondial, et j’en passe...) pour être sûr que l’on ne détourne pas les yeux de cet évènement de la fin d’une civilisation. Selon mes observations, il y a manifestement des intérêts occultes (hors complot humains) à capter l’énergie que chacun investi sur ce sujet. Il sera très intéressant d’observer les nouveaux jalons de cette manipulation de masse quand ces dates seront derrière nous.

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