La promesse d'un changement en profondeur
L'escalier de Penrose (1958) |
Sans une habitude à observer son comportement, il semble difficile de se rendre compte de sa dépendance au mental. Le fait est que le mental se pose fréquemment en un gardien du seuil redoutablement efficace contre toutes les tentatives qui l'obligerait à évoluer ou à céder son pouvoir. Il n'est pas rare que nos luttes acharnées se résument finalement en une perte de temps, en une perte de liberté, en une perte de fluidité, en une dépense d'énergie considérable, et invariablement, en beaucoup de frustration. Le fonctionnement du mental peut présenter à lui seul un obstacle quasiment infranchissable, et ainsi expliquer bon nombre d'échecs. Cela se produit le plus souvent dans trois situations plutôt révélatrices de son mal-être :
- lorsque les conditions de son accès à l'univers intérieur sont insuffisamment déterminées ; la première condition signifie qu'un travail sur soi est nécessaire, aussi fouillé que possible.
- lorsque l'on ne dispose pas d'une question appropriée ; la seconde condition est essentielle, parce qu'il n'y a pas d'exploration de soi sans besoin.
- lorsque l'on ne dispose que de trop peu d'espace intérieur pour accueillir les réponses ; la troisième condition est indispensable, parce qu'il n'y a pas d'exploration de soi qui n'ait pas d'impact sur son existence.
Lorsque l'on envisage de changer quelque chose dans sa vie, que l'on pense que notre point de vue doit changer, lorsque nous comprenons que notre orientation ne nous conduit pas là où nous espérions nous retrouver, il est encore temps de se saisir de cette idée et de lui donner la direction souhaitée : il y a rarement de changement sans motivation ! Cette impulsion ne sera certainement pas suffisante, car il faut s'attendre par ailleurs à rencontrer des manœuvres d'évitement, des « mécanismes » de protection imposés par le mental, des réactions « automatisées », au moment où l'on se retrouve face à soi-même. Ses astuces consisteront principalement à déplacer l'attention vers une autre pensée (et dans certains cas vers un endroit du corps), beaucoup plus superficiel ou carrément plus attrayant, n'ayant en principe pas beaucoup de rapport ni avec le sujet, ni avec le besoin. La manœuvre est souvent performante parce qu'elle est ainsi définit par ses propres attentes dans la vie de tous les jours. Notre manque de volonté ne fait que l'encourager à renforcer sa position. Si l'on veut amorcer un changement, il faut donc accepter que le mental soit le chef, admettre que c'est lui qui mène d'ordinaire la barque de toute notre vie en ce monde. Bien sûr, très progressivement, il faudra lui retirerez ce privilège, mais dans un premier temps, il est préférable d'accepter son rôle pour bien comprendre ses procédés. Vous vous poserez inévitablement d'innombrables questions et la réponse à toutes vos questions demandera effectivement beaucoup de travail.
Je crois qu'il faut longuement apprendre de son espace intérieur, afin de libérer une bonne partie de ses tensions, car c'est ainsi que le mental peut s'assouplir, et prendre moins d'espace. Lorsque vous y parviendrez, vous constaterez alors qu'il y a une sorte de déclic intérieur qui laisse entrevoir une suspension temporaire de ses pensées. Bien qu'il s'accompagne en général d'une relaxation musculaire, le relâchement consiste à capter un signal perceptible à travers le corps. On comprend alors que ce relâchement est une condition que l'on obtient de bon gré de son mental. Le relâchement disparaît donc à la moindre intervention de celui-ci. Le ressenti peut être même trompeur, lorsqu'il y a par exemple un trop plein de pression qui ne conduit en aucune manière à libérer quoi que ce soit. Les personnes habiles au dialogue intérieur auront sans doute plus de facilités que les autres à le comprendre. Il faut simplement persévérer jusqu'à ce que l'espace intérieur ressenti dans le relâchement soit « totalement libre et disponible ». Il n'y a pas vraiment de méthode meilleure qu'une autre. Le but est atteint lorsque l'on dispose à volonté d'un espace intérieur qui n'est pas en prise directe avec le mental, mais dans lequel le mental reste attentif et en retrait face à de nouvelles expériences psychiques. Les personnes créatives seront plus affûtés que les autres pour s'en rendre compte. Dans cet espace, la pensée n'y est pas absente, bien au contraire. Elle y est simplement différente. Avec de l'expérience, vous reconnaîtrez même quelques exigences du corps, superficielles ou profondes selon l'importance du ressenti. Ce ne sont là que les prémisses d'une exploration plus pertinence qui consiste à attendre maintenant le bon moment pour plonger en soi.
L'exploration en soi permet entre autre de découvrir que le mental n'est pas maître partout, et qu'il cède aisément son influence à une part plus créative en soi : les perceptions. Je vous livre celles qui m'ont le plus étonnées :
- L'exploration en soi permet par exemple d'atteindre des émotions que je situerais plutôt dans une densité de plus en plus proche du corps et d'en libérer le contenu : cela aurait pour conséquence de débarrasser l'individu de ses carapaces. Ensuite, il y a des nouveautés que l'on constate en soi, qui ne changent pas vraiment la nature de la personne que l'on est, mais un sentiment de bien-être continu, là au milieu de la poitrine que l'on sent en profondeur,.
- L'exploration en soi ouvre également l'espace environnemental sur des informations qui étaient jusqu'ici détournées par le mental, ou simplement inconnues de lui. Dans des conditions favorables, les ressentis s'affinent jusqu'à rendre les informations disponibles à sa volonté. Puis, le besoin évolue, rendant l'information secondaire, presque indifférente. On acquière ensuite un autre usage de son énergie, quelque chose de plus réfléchi qu'auparavant.
Il ne s'agit pas d'un nouvel état de conscience, séparé du précédent, mais d'un état de conscience plus complet que celui que l'on connait habituellement, bénéficiant d'un immense potentiel d'améliorations qualitatives et quantitatives, résumé ici en des types de perception du monde (télépathie, prémonition, perception à distance, télékinésie, etc.), de champs d'expériences cognitives et relationnelles plus vastes, plus riches, qui ne se limitent plus à un seul environnement, ni à un seul point de vue. Décrire une telle substance n'est pas aisé ! Je crois que c'est précisément ce à quoi le mental est utile, et ce qui justifie de le mettre à son service pour découvrir, non seulement la nature de notre environnement subtil, mais surtout pour comprendre le rôle attribué à cet état de conscience au moment où l'on regagne la totalité de soi-même.
****** Lecture connexe ***********
Etes-vous plutôt cerveau gauche ou cerveau droit ?http://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Personnalite/Articles-et-Dossiers/Etes-vous-plutot-cerveau-gauche-ou-cerveau-droit
Ajouté le 25 février 2016
Carlos Castaneda - « le don de l'aigle » 1982
Commentaires
Enregistrer un commentaire