À ceux qui restent...

À Miguel-Angelo, À Marcel, À Michel, qui sont partis en nous laissant des souvenirs de leur existence.

texte enrichi le 10 novembre 2017

Dans la semaine qui précède le départ, j’ai constaté une présence aux côtés de celui qui va partir. C’est ainsi que j’ai compris l’imminence du passage de vie à trépas. Je le vois réellement à côté de la personne, l'accompagnant partout où elle va. Dans la rue, souvent. Je ne suis pas sûr que le mourant soit conscient de cette présence. À la différence de certaines entités dont la présence m'agresse par une sensation typique à la gorge, celles qui accompagnent le mourant ne se repère par aucune sensation physique. Pour les voir, il me faut plutôt utiliser le sens de seconde vue, et dans le décalage qui s'opère avec la vue normale, je vois cette présence. Cela explique sans doute que mourant ne le sache pas ou s'il ressent quelque chose, comme la sensation de ne pas être seul, il ne sait pas à quoi attribuer cette perception physique(1).

Il m'est arrivé quelque fois d'être appelé par une famille pour aider l'un de leur proche. Bien que la famille sache que leur proche n'en pas plus pour très longtemps, on me cache souvent cette information. Certains indices dans l'attitude et la voix laissent envisager la situation, c'est pourquoi, je ne peux le leur reprocher d'espérer. Le cheminement met du temps à sortir du déni. Pour ma part, il est dans mes habitudes de ne rien promettre et de ne rien cacher. Je m'engage cependant à soulager au meilleur de mes capacités.

Ils me disent : « il sort d'une longue hospitalisation. L'hôpital nous a dit qu'on pouvait faire les soins à domicile si on le souhaitait ; nous, on préfère qu'il soit avec nous. On est présent pour lui. Il a des douleurs, là, là et là. Vous pensez que vous pouvez faire quelque chose pour le soulager, car il souffre beaucoup ?! ». Souvent, le malade est conscient de ce qu'on dit devant lui, et parfois, il paraît ailleurs, hagard, et vous regarde d'une façon qui fait dire qu'il vous comprend, mais qu'il est incapable d'ouvrir la bouche (il surtout complètement shooté à cause des anti douleurs). De toute façon, les séances se passeront de mots : nous communiquerons souvent par hochements de tête « oui, non » et une légère pression sur la main qui peut vouloir dire merci. Du reste, les séances apportent souvent un mieux ; la famille le remarque dans les jours qui suivent : le malade mange mieux. Je ne viens pas tous les jours, mais constate moi-même une amélioration, d'ordre énergétique essentiellement, dans le fait que le malade se détend de plus en plus, qu'il se laisse aller, souffre moins pendant les séances, s'endort même presque aussitôt, etc. Lors des séances, il m'arrive de découvrir des pans de l'histoire de l'individu, des mots qui n'ont pas été dis, des choses douloureuses, des peines, des chagrins, des souffrances. Bien que je ne cherche qu'à apaiser la douleur, il m'arrive fréquemment d'avoir le sentiment d'agir sur ces moments pénibles, enfouis dans la chaire et, par une action plus ou moins volontaire, d'arriver à les apaiser. Lorsque j'ai terminé, le malade se réveille. Son visage rayonne, ce qui surprend souvent celui qui l'assiste jour et nuit. On le sent « plus apaisé ».

Aujourd'hui, le seul moment où je pressens que le malade est en train de mourir, c'est quand cette présence se manifeste. Il me faut un effort de concentration pour l'identifier, ou sinon, c'est immédiat.
Je ne saurai dire depuis combien de temps elle est là. Il en apparait quelque fois un mois avant le décès, parfois moins. En principe, si je suis sollicité pour avertir la famille, la présence se manifeste au plus tard une semaine avant. Ce n'est pas systématique. Des personnes sont décédés sans qu'une présence se soit manifesté. Cette présence ne fait rien pour se faire remarquer, mais ne cherchent pas pour autant à m'éviter une fois qu'elle l'a été. Elle répond aux questions posées sans ambiguïté : « je suis son père, son frère, son oncle, sa mère, sa grand-mère, etc. ». Quelque fois, elle donne son prénom. Au début, c'est assez bluffant, car on ne s'attend pas à saisir autant d'informations à la fois. Par exemple, l'une de ces présences un jour m'a dit être une grand-mère, et s'appeler « Marie Madeleine », ce que je n'ai pas crû sur le moment (j'ai fait un blocage avec qui vous savez) ; mais en discutant peu après avec la famille, on a pu me confirmer que c'était effectivement le prénom de leur grand-mère paternelle ; elle avait environ 90 ans sur la photo qu'ils me montraient, alors que l'image que j'avais en tête se situait plutôt entre trente et quarante ans environ. J'ai du faire pas mal d'efforts pour accepter que ces présences cherchaient d'abord à me renseigner, plutôt que me tromper. Cela peut être rassurant de s'assurer de ce genre de choses, et il ne faut surtout pas s'en priver, sous prétexte qu'on le dit. Cette anecdote en particulier rejoint beaucoup d'autres récits que j'ai comparé auprès des familles.

Je ne sais pas si c'est le fait de voir cette présence, ou parce que je vois cette présence, qu'elle me charge de la délicate mission d'annoncer à la famille que leur proche va les quitter dans un peu moins d'une semaine. En général, je préviens une seule personne, mais il n'est pas rare de devoir en reparler une seconde fois en présence d'autres membres de la famille. Je vous assusre que l'on se confronte sérieusement à ses propres doutes - c'est même indispensable ! Alors, faut-il croire cette situation ? N'est-ce pas plutôt un produit de son imagination ? Comment la famille (inconnue le plus souvent) va-t-elle réagir à cette annonce ? En fait, la première fois, je me souviens d'avoir demandé à la présence de me dire ce que je devais exprimer exactement (2) ; elle n'a pas bougée d'un poil ; il n'y a pas eu d'échange de mots, mais la sensation que j'allais me détendre et que tout allait bien se passer. C'est tout ! Et aussi curieux que cela puisse paraître, c'est finalement ce qui s'est passé ! Dans mon cas, le membre de la famille à qui j'en parle a toujours bien réagit. Je parle lentement, calmement, pour laisser le temps d'entendre les mots sans doute ; la nouvelle n'est pas inattendue, même si elle apparaît un peu précipité. Je sens distinctement le pincement au cœur, le corps se tendre un peu, mais l'essentiel est compris. Ensuite, on me pose souvent deux questions : la première, c'est si je suis sûr de ce que je dis, et l'autre, c'est comment je peux le savoir. En réponse, je dis sentir l'énergie vital de leur proche au plus faible et que de ce fait, par expérience, que c'est souvent le signe qu'il n'y en a plus pour très longtemps. J'essaye de ne pas parler de la présence qui se tient à un mètre du malade, mais me montre rassurant en disant que je sens que le proche n'est pas seul et qu'il partira probablement en paix.

D'un manière ou d'une autre, je crois que nous sommes tous avertis de l'imminence du décès de nos proches. Cela peut se produire au cours d'un rêve, ou dans un moment de détente, on y fait parfois attention, ou on se dit que ce n'est pas possible. On le comprend plus tard. On sait qu'on a été prévenu, même si on ne sait pas par qui, ni pourquoi. Je sais depuis un moment qu'il m'arrive d'être ce genre de personne ; le fait de le savoir un peu en avance, permet en outre de s'y préparer (3). C'est quelque chose qui s'observe aisément lorsque c'est pris avec suffisamment de sérieux. C’est l'occasion de dire ce qu'on a sur le cœur ; c'est le moment de faire un pas vers l'autre, de parler de ses sentiments (4), de choses qu'on retient depuis trop longtemps, tout ce qui peut libérer, tout ce qui peut préparer le passage vers l’au-delà (5). On ne devrait pas attendre le dernier moment pour le faire, alors parfois, c'est l'occasion. Parce qu'on sait.

Le défunt ne reconnait pas immédiatement cette présence ; c'est à l'instant où elle lui parle et qu'elle lui dit son prénom, qu'une compréhension envahit l'intéressé (quelque chose en lien avec sa luminosité change brusquement). Il est alors près à la suivre. Le défunt semble incapable de parler ou alors, je ne saisi pas ce qu'il dit.


Au moment de la mort, les contours du corps subtils commencent par apparaitre distinctement et ce qu'on appelle l'âme se condense et devient visible sur environ 20 cm autour du corps physique ; elle a la forme d’une masse vaporeuse ou cotonneuse, d'un blanc légèrement lumineux et transparent, statique. Puis, cette enveloppe glisse vers la tête et s'en échappe dans un mouvement fluide et sans effort apparent. Elle flotte ensuite un court instant au dessus du corps, sans prendre d'apparence et vient se placer au pied du corps physique. Elle prend aussitôt la position verticale et vient se placer à côté de la présence. Celle-ci est clairement distincte. La forme se transforme alors et prend l'apparence du corps qui est étendu. Des habits sont visibles, sans éclat particulier. Je sens un changement de « registre » sans réellement parvenir à l'identifier.  Ce n'est ni de l'anxiété, de la crainte ou de l'émotion, mais plutôt une sorte de trouble. Quelque chose m'empêche de le savoir, bien qu'il n'y ait aucune inquiétude à avoir. Par compte, l'autre personne me semble beaucoup plus expressive, sorte de joie contenue qui émane de sa personne. Ils se tiennent à moins d'un mètre l'un de l'autre et ne se touchent pas. Une lumière apparaît à côté du défunt. Cela me fait penser à une sorte de tourbillon lumineux aux contours nets. La profondeur semble apparente et fait effectivement penser à un tunnel (celui dont les EMI (6) parlent). L'attraction de la lumière est puissante. Le défunt la regarde aussitôt, regarde celui qui l'accompagne et après un signe s'y engage sans autre hésitation (7). La plupart du temps, c’est de cette façon que j'observe ce phénomène pour les morts non violentes. Je n'ai pas assisté à d'autres situations que celles-ci.


Comment peut-on aider une personne sur le point de mourir ?


Prier. Même si l'on ne sait pas prier, une volonté suffisamment sincère sera la bienvenue. La prière(8) est caractérisée par une intention qui aide l’âme à s'élever. Vous pouvez demander par exemple que son âme soit apaisée, et demander que la mort soit douce.
La prière est souhaitée si vous êtes gênés par la présence fantomatique du défunt. L’intérêt de réciter une prière l'amènera a changer de plan et en rejoindre un autre qui soit plus adapté à sa nouvelle existe. Prenez conseil auprès d’un curé le cas échéant.


Comment distinguer l’aide invisible ?


Cette présence se tient d’ordinaire à distance des sensitifs (9), mais elle sait se rapprocher suffisamment d’eux pour se faire connaître et prodiguer des conseils (10). Il peut sembler évident de relier cette présence aux aides invisibles, au guide, à un "ange" gardien, qui se veut l'accompagnons de notre existence. Il convient aussi de faire très attention à qui l'on prête cette qualité. La prudence n'est pas un option. Elle est nécessaire !

Et après ?


On est susceptible de sentir la présence du défunt pendant environ 1 mois, période au-delà de laquelle, la sensation devrait disparaître. Il peut éprouver de la difficulté à partir, auquel cas, il semble important de prier pour lui faire comprendre que tout va aller bien (pour soi) maintenant.

Pour le défunt, l'après vie consiste probablement à faire un bilan de sa vie (c’est la pesée de l’âme dont l'on parle dans certaines cultures) ; cela qui demander du temps avant qu'il ait la possibilité d'entretenir un contact suggestif avec des personnes de notre plan d’existence et le choix de se réincarnée. Il arrive fréquemment que le défunt reparaisse dans un rêve, à notre demande ou parce qu’il souhaite transmettre un message, pour nous rassurer, pour nous dire que (pour lui) tout va bien.

Que faut-il surtout retenir de ce texte ?


Notre existence terrestre passe pour être difficile parce que nous sommes emprisonnées dans de si nombreuses convictions que nous finissons par ne plus croire en la beauté de la Vie. Si nous plaçons notre esprit dans une vision plus positive de l’existence, qui n’exclu pas la laideur du quotidien, chacun peut découvrir que la difficulté de l’existence n’est rien à côté de celle de ne pas être conscient de son existence.


*********

1. Le manque de culture sur ce phénomène conduit habituellement à croire, dans un premier temps, qu’il s’agit des propos d’un mourant en plein délire ou tordu par des hallucinations.

2. comme celui d’avertir ou non le mourant et de permettre que l’on avertisse ou non sa famille.

3. La mort est parfois vécue comme une amputation (d’un membre de sa famille) parce que certaines croyances en ont fait quelque chose d’horrible pour ceux qui restent.

4. Le terme "psychique" ou "psychisme" est mal employé ici, mais à défaut d’un vocabulaire plus adapté, c’est celui qui s’en approche le mieux.

5. Dans l’idée, c’est une approche similaire que l’on retrouve dans ma pratique qui, ainsi, m’a permis de vérifier que l’influence du magnétisme est adressée directement à la nature du psychisme(4), et ensuite de la nature du psychisme au corps (et non directement du magnétisme au corps, comme on le croit souvent).

6. Sans entrer dans les détails, disons que le tunnel représente un espace intermédiaire qu’il est nécessaire de traverser pour atteindre la lumière.

7. Le passage d’âme est particulièrement bien renseigné dans le rituel égyptien de l’époque pharaonique (à comparer avec attention avec d’autres cultures).

8. Avant de motiver l’intérêt de la prière, il convient tout d’abord de distinguer la foi de la foi religieuse. La foi est propre à l’homme c’est à dire que "L’Amour est dieu" ;la foi religieuse est propre à un [3]dogme, c’est à dire que "Dieu est amour". La prière comme la foi est propre à l’homme ; pour les personnes qui ne savent pas comment aider le défunt, il est préférable de s’aider d’une prière religieuse : c’est une formulation précise, mais une coque vide si elle est formulée sans conviction. Le prêtre est là pour y aider, et il peut se proposer de la faire pour la personne. Lorsqu’elle n’est pas religieuse, la priere est une priere de foi, une autre façon de formuler l’Amour. Dans l’un comme dans l’autre c’est la conviction que l’on a dans les mots formulés qui a son importance pour le defunt. La prière est normalement exprimée par une personne qui en a compris l’importance.

9. Les sensitifs sont des personnes ayant, ici, des capacités médiumniques.

10. Bien que l’on ait tous entendu parlé d’un ange de la mort, froid et sans pitié, au visage masqué et à la faux tranchant le fil de la vie, je suis persuadé que c’est une image fabriquée par la théologie (l’idée ayant un côté positif ou négatif selon l’intérêt dans lequel on la place).

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