Cerisier du Japon

Je n'avais à cette époque que très peu de contact avec d'autres arbres que celui de mon jardin. Il m'était pourtant facile d'entrer en communication avec eux (avec certaines espèces plutôt que d'autres) depuis que j'avais appris à être humble dans mon approche. Pour commencer, cet arbre-là imposait spontanément de l'humilité et un profond respect. Je me souviens que je suis entré en communication avec lui de la façon la plus simple qui soit. Politesse oblige. Néanmoins, parce que je n'avais absolument pas senti sa réponse, je n'ai pas insisté. Les secondes se sont écoulées et ma femme n'arrivait toujours pas ; je me suis donc laissé aller à une courte méditation pour apaiser mon corps de plusieurs heures de marches. D'ailleurs, le lieu, calme et serein, la sagesse supposée de l'arbre, le léger bruissement des arbres et le cri de rares moineaux s'y prêtait favorablement. Très naturellement, j'ai communiqué de l'énergie à l'arbre qui n'en avait pas forcément besoin ; j'en ai communiqué au lieu, afin qu'il continue d'attirer la paix et la sérénité ; j'en ai communiqué alentour avec la même conviction. Les yeux mi-clos, j'ai vu passer ma femme devant moi, et je l'ai laissé prendre un peu d'avance. Puis, sans attendre quoi que ce soit en retour, calmement je me suis levé et j'ai de nouveau salué l'arbre. Politesse oblige. J'avais fait environ trois pas quand j'ai senti très distinctement quelque chose me retenir en arrière. Je me suis retourné, pensant rencontrer un élémental ou un autre Invisible. Je vis l'arbre rayonner. C'était une perception troublante, car il me semblait voir réellement de la lumière envelopper l'arbre, d'une façon que les autres n'avaient pas. Et tout à coup, la lumière enveloppa dans une énergie incroyablement puissante, berçante et belle. L'arbre dormait-il auparavant ? C'est en tout cas le sentiment que me procura cette superbe intervention. Très rapidement, la fatigue me quitta et mon coeur s'emplit de joie. J'ai de nouveau saluer l'arbre en m'inclinant doucement comme le font les japonais, et j'ai pris une route qui sillonnait entre de grands résineux. Je vis distinctement un jet d'énergie passer au dessus de moi. Pendant les quatre cents mètres qui suivirent, j'eus la très nette sensation que les arbres communiquaient en eux et d'être le centre de cet intérêt. Je ne sais pas ce qu'ils se disaient, mais à en croire la façon dont leur énergie m'accompagnait, je suppose que c'était vraiment très amical. En touchant au hasard leur écorne, comme pour m'assurer de cet entendement, je dû me rendre à l'évidence que je ne sentais rien ! Mais dès que je me dispensais de percevoir par mes perceptions physiques, c'est tout l'univers qui soudain me semblait palpable.
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