Nid de serpents

Une colonie de serpents astraux a besoin, pour se développer, d'un espace vibratoire adapté, d'un espace délimité (murs ou autres) et d'un ensemble d'individus qui les propage. 

Une semaine ou deux avant que l'événement ne se produise, les Invisibles m'avaient prévenu de me tenir prêt. Comme toujours, je ne savais pas ce que je serai amené à vivre, à connaître ou à expérimenter. En fait, je ne me doutais absolument pas de leur implication dans ma vie, ni du degré de liberté qu'on me laissais. Un jeudi soir, une agence d'intérim me sollicita en prétextant le besoin immédiat d'un technicien de maintenance. La mission ne m'emballait pas trop, mais l'hôtesse m'invita malgré tout à venir à l'agence remplir un dossier. J'acceptais en espérant négocier un meilleur salaire. Avec les informations glanées par téléphone, je trouvais sur Internet des renseignements sur l'entreprise qui me permettraient de mettre en valeur mes qualifications. Comme les bâtiments dataient du 19e siècle, j'ai supposé que la mission des Invisibles consisterait à nettoyer le lieu de ses âmes sédentaires. Cela s'était déjà produit auparavant. Je me présentais donc à l'agence d'intérim comme prévu. Sauf que ce que l'hôtesse ne m'avait pas dit la veille, c'était que le poste était à prendre de suite et que j'étais attendu. Embarrassé, j'acceptais la mission et me présentait à l'entreprise. Dans les premières heures de travail, je n'ai senti aucune présence Invisible. Ce n'était pas obligatoire, mais vue l'importance de l'entreprise, j'ai trouvé ça étonnant. En cette période estivale, les rares employés vaquaient à leurs occupations. L'ambiance me paraissait relativement glauque, sans doute causé par l'arrêt des machines et une certaine obscurité que les néons ne chassaient pas vraiment. Pour ne rien arranger, il pleuvait. L'heure du repas fut l'occasion d'une rencontre d'autres personnes. Ce fut cependant sans relief, et profondément ennuyeux. Je baillais beaucoup, sans vraiment ressentir de fatigue particulière. Pour combler l'ennuie, je scannais les personnes qui se trouvaient là. Ça a attiré quelque chose que je n'ai pas vu tout de suite. J'ai croisé les yeux d'un type : son regard était vide. On aurait dit un zombi. Ça m'a un peu effrayé sur  le moment, et cette réaction m'a surprit, d'autant que d'habitude, les zombis sont plutôt drôles dans les films Z.

En ajustant ma vision, quelque chose s'agitait dans son cou, comme la bannière d'un étendard. De toute évidence, c'était un serpent astral. Il devait bien faire 7 ou 8 mètres de long. Sa peau était de couleur feuille morte, indiquant qu'il n'était pas tout jeune. Sa queue flottait dans l'espace et soutirait de l'énergie en touchant les personnes alentour. Ceci expliquait donc mon état. Je me demandais comment j'allais intervenir pour aider cet homme. En guise de réponse, la sirène sonna la reprise du travail et l'homme sortit rapidement. Je ne le revis à aucun autre moment de la journée, contrairement aux autres personnes. Le travail n'était pas passionnant, mais je m'en acquittais du mieux que je pouvais. L'apprenti que j'accompagnais s'en alla voir le magasinier et je restais seul un moment. J'en profitais pour scanner les lieux - ce que je n'avais pas fait jusqu'ici. L'énergie attira une dizaine de serpents qui m'ont alors entouré. Leur peau était vert foncé, désignant un âge adulte. C'était toutes des femelles. Un serpent rouge vif, très agressif apparu soudain. Il s'agitait nerveusement en s'enroulant comme pour préciser une attaque. De toute évidence, je me trouvais dans un nid. Les Invisibles m'enseignèrent alors qu'il n'y avait qu'un seul mâle par nid. Seules les femelles s'emparaient d'un hôte ; elle avaient en général cinq rejetons par ponte, qu'elles disséminaient à l'occasion. Selon son importance, chaque nid pouvait contenir plusieurs dizaines de femelles. Je me trouvais dans un très grand nid. Il leurs était facile de se développer ici. Ce qui m'intrigua cependant, c'est que tout le monde n'était pas parasité. On m'expliqua que c'était en fonction de l'énergie que les personnes rayonnais ; certaines (colère, frustration, non-dits, par exemple) satisfaisaient mieux les serpents que d'autres. Le gros mâle me faisait toujours face d'un air menaçant. Il semblait me demander si j'étais là pour le détruire le nid. On m'en aurait peut être donné les moyens si ça avait été le cas, mais de toute évidence, je n'étais pas là pour ça. La couleur du gros mâle se modifia en un tonalité moins vive. Il disparu dans un trou qui sembla se former devant lui et se fermer derrière lui, aussitôt suivit par son harem. Je me retrouvais de nouveau seul, un peu hébété, je dois l'avouer. Ma mission d'intérim s'est terminée ce soir-là. Quand à cette entreprise, j'ai le vague souvenir d'y être retourné en rêve quelques jours plus tard. Je ne me souviens pas de ce que j'y ai fait. Il m'en est resté une certaine tristesse au réveil d'avoir accompli quelque chose de déplaisant.

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