Épicéa commun
Photo de 2010 |
Mon premier contact énergétique avec lui fut un fiasco. En effet, je m'efforçais de sentir son énergie vitale comme on conquière un territoire ; ma présomption me tenait catégoriquement et invariablement à l'écart de sa façon de communiquer. Bien sûr, je sentais une résistance dans mon aura, mais je la comprenais mal. Tous mes efforts étaient vains. Les deux jours suivants, je tentais modestement de communiquer avec lui, en lui présentant mes intentions les plus sincères. Sans vraiment en être sûr, je sentais qu'il se produisait quelque chose. Tous les jours suivants, je ne manquais pas un moment de la journée pour le saluer. Alors, progressivement sans doute, mes pensées se sont faites un peu plus humbles. Un matin, je tentais une nouvelle approche, dont je ne suis pas sûr d'en avoir été le précurseur. Je m'approchais lentement et directement vers lui, tête baissée, l'esprit pacifié, avec, au fond de moi, ce sentiment très net de franchir la grande porte d'une cathédrale. Je me senti peu à peu entrer dans l'énergie de l'arbre ; elle n'avait rien de comparable à toutes les énergies que j'avais ressenti jusqu'ici. Mais le plus incroyable, c'est que je sentais une force terrestre inébranlable qui m'envahissait et se fondait dans mon corps. Arrivé à quelques centimètres du tronc, je me trouvais dans une position si réservée que je n'ai pu faire autrement que de demander l'autorisation de poser mes mains sur son écorce. Le signal fut bref, mais clair. Mes mains bouillonnaient d'énergie et au moment où je les ai posé sur le tronc comme on tient des hanches, je les ai immédiatement senti entrer en communion avec l'arbre dans un transfert d'énergie qui ancra aussitôt mes deux pieds, mes genoux, mes cuisses, mon bassin, mes mains jusqu'aux épaules.
Subrepticement je sentis le tronc de l'arbre se contracter sous la brise légère et mon corps en accompagner le mouvement. Des angoisses inexplicables remontaient avec difficulté par la gorge et c'était parfois douloureux. Elles disparaissaient rapidement comme aspiré par l'énergie de l'arbre. Lorsque je me sentis mieux, j'eus la très nette intention de devoir poser mon front sur son écorce. Je m'exécutais, dépassant du même coup ma crainte d'être vu par mes voisins dans cette étrange position.
Très naturellement, mes yeux se sont fermés, ce qui a augmenté mon isolement et ma concentration : maintenant, je pouvais très facilement sentir les fibres de l'arbre se compresser et se décompresser selon le sens du vent qui me semblait changer de direction à chaque nouvelle rafale. L'énergie affluait du sous-sol à travers ses racines profondément enfoncé dans la terre, empruntait le tronc, puis jaillissait par sa cime. Il y avait alors un arrêt très bref. Puis l'arbre aspirait l'énergie environnante par chacune de ses feuilles, la faisait couler dans ses branches, puis son tronc jusqu'à ses racines à partir desquelles l'énergie disparaissait dans le sous-sol. De là il y avait un nouvel arrêt très bref, et le mouvement de l'énergie s'inversait. Cette sensation était réellement enivrante. D'une façon invraisemblable, j'avais l'impression d'être devenu un arbre. Troublé, je me raccrochais à mes propres sensations corporelles, et écoutait mon propre corps ; j'observais alors un incroyable rigidité qui ne cadrait pas avec ma nature physique si je la comparais à l'arbre. Ce paradoxe me montrait que ce n'était pas du tout dû à ma posture, mais propre à notre humanité. Comme pour acquiescer ce que je venais de penser, je senti l'arbre me demander de me laisser aller à une nouvelle expérience qui nécessitait de moi (justement) une plus grande souplesse. Sans trop vraiment comprendre ce que cela signifiait, je me laissais aller à sombrer dans une sorte de méditation, apparemment orienté selon les attentes de l'arbre. J'ai probablement quitté mon corps à ce moment-là. Je n'en suis pas sûr, bien que la sensation de ne plus exister dans mon corps et de flotter fut très nette. Je senti l'esprit de l'arbre sourire et m'entraîner avec lui à sa cime.
Là, il me montra son point de vue à 360°. Et tandis que je regardais la forêt lointaine, il me présenta à eux aussi facilement que si nous étions proche. Ils me saluèrent à leur tour, bien qu'il soit difficile de l'exprimer ainsi par des mots : la sensation était évidente, mais je la sentais précisément gonfler au niveau du 4e chakra avant dans un flot d'énergie très puissant. Enfin, je senti le vent, une consistance visible bien particulière qui me donna la très nette impression d'être au contact d'une énergie pensante, dont le souffle pouvait être apaisant ou dévastateur. Une certaine incompréhension sembla même en émaner de me savoir au côté d'un esprit d'arbre. Une certaine curiosité et un vif intérêt. Ce furent les dernières sensations auxquelles j'assistais ce jour-là, si bien que j'ignore à quelle part de mon imagination, à quelle réalité inconnue des hommes j'avais été invité. bien qu'il y ait eu de nombreux autres contacts avec cet arbre, ils n'ont cependant plus jamais été de la même intensité.
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