Rig-veda






C'était l'année dernière, mon guide m'avait simplement fait signe de le suivre, ce que j'avais fait sans résistance. La traversée entre les plans s'était effectuée sans difficulté et en un éclair, je m'étais retrouvé dans un espace encore différent des autres. Tout était plongé dans une certaine obscurité, mais très différente du milieu que j'appelle « le plan intermédiaire* » ; ce n'était véritablement pas le même. Au contraire de celui-ci, celui-là était très lumineux, mais il a été difficile d'en savoir plus, de comprendre d'où venait ces lumières. Je savais qu'elles étaient là, mais situées dans un environnement en apparence plutôt « vide », comme si l'on ne voulait me montrer qu'une seule chose à la fois. Néanmoins, j'ai senti très distinctement que ce vide n'était qu'une apparence, car il grouillait de « Vie cette substance créatrice particulière qui rend toutes choses possibles » ; je ne savais pas d'où m'était venu cette idée, mais elle correspondait parfaitement à ce que je ressentais ! Je ne contentais d'observer sans comprendre ce que tout cela signifiait, ni même en quoi cela me concernait.

Puis, à un certain moment, je me suis retourné, et j'ai vu une sphère ; elle paraissait liquide à l'intérieur et sa surface était ferme ; elle présentait des couleurs pastels en mouvement lent et rapide à la fois tirant tantôt sur le bleu, tantôt sur le blanc. Elle paraissait reposer sur quelque chose, un socle peut être. C'est difficile à apprécier, vue que je flottais dans l'espace. En fait, je n'étais pas sûr que ce socle existe vraiment ! D'ailleurs, à peine en prenais-je conscience que l’image se dissipait. Il n’y a plus rien dans mon esprit que je puisse me souvenir de cet environnement, sinon d’être maintenant debout sur un sol blanc et lisse, dans un espace blanc et lisse dont la profondeur était difficile à estimer. Je dois reconnaître que mon esprit était quelque peu désorienté, et il tentait vraisemblablement de s'accrocher à des souvenirs cohérents, matériels, humain... Sans transition, je me retrouvais de nouveau dans l’espace « vide » et « noir », d'un noir « mate » ; les « étoiles » avaient également disparues ; tout autour de moi, il y avait un certain nombre de sphères, comme celle que j'avais vu. Elles prenaient une apparence nacrée, très lumineuse, mais non aveuglante, plutôt douce pour les yeux. Cela contrastait sans disharmonie avec le fond noir qui est devenu plus lumineux tout à coup. J'ai pris conscience que je pouvais être capable de voir aussi loin que je le voulais, et à perte de vue, il y avait toujours ces sphères, seulement des sphères, regroupées parfois en amas. Leur taille variait en fonction du grossissement que je souhaitais leur donner ce qui influençait apparemment ma propre taille ainsi que les dimensions de cet espace. Le plus insolite sans doute, c’était que je n’étais pas seul dans cet endroit : les présences cependant ne se manifestaient pas sous une forme humaine, mais dans une apparence qui ne les distinguaient pas de cet environnement. Elles ne semblaient pas avoir de pensées propres, ou d’intention, et pourtant, quelque chose me disait qu'en cherchant à les savoir ce qu'ils étaient, je recevais en retour une sorte de salutation (plus exactement, quelque chose comme un plaisir de me voir ici). Je n'ai pas expérimenté beaucoup plus de choses. La récréation s'est terminé et j’ai été ramené aux priorités qui m’avaient conduites ici.

L'être que j'accompagnais avait placé devant moi une sphère. Sa taille apparente se situait dans les 2 mètres de diamètre, mais cela ne correspond à rien en réalité. J'ai eu plutôt l'impression d'avoir changé de taille. Quoi qu'il en soit, la sphère était légèrement brillante, de couleur grise et surtout, elle paraissait sans vie. On m’a expliqué que c’était ainsi que tout commençait... J'ai également appris de quelle façon les sphères étaient crées, mais je l'ai oublié. J'ai cependant le vague souvenir d'une « main » qui tire la sphère du « néant » et de la confier aux êtres que j'ai observé qui ont la charge de l'ensemencer. C'est à ce moment-là que l’être qui était à mes côtés en a profité pour m’expliquer que la sphère constituait tout un univers et qu’au commencement cet univers attendait une « empreinte ». Les idées entraient dans mon esprit sans difficulté, mais il y avait tout de même une limite à sa compréhension. C'est pourquoi, il me semble encore difficile de dire à quoi j’ai vraiment assisté et jusqu'à quel point mon esprit à rafistolé les zones incomprises avec des concepts connus. Disons que notre univers, mais pas seulement celui dans lequel nous sommes, aurait été créé à partir d’une intention (cela rejoint le mythe de la création) : puisqu'il serait « neutre » (couleur grise probablement) au moment de sa conception, il serait nécessaire de lui apporter ce petit quelque chose qui l’anime pendant un laps de temps. Quant à l’empreinte, elle serait bien réalisé par l'un de ces êtres et ne se distinguerait alors pas de lui : c’est en quelque sorte toute son expérience accomplie à l’intérieur de ces sphères et aussi en dehors de cet espace, tout ce qu’il sait déjà et tout ce dont il est capable : je pense qu’on pourrait parler de son essence - à défaut d’un autre mot sans doute plus approprié. Au moment où cet univers est imprégnée d'une empreinte, il devient possible aux êtres qui le souhaitent de « s’immerger » dans cette expérience pour en tirer de nouvelles propres à leur « caractère » dont ils feront profiter à leur tour d’autres êtres en créant ailleurs une empreinte de leur expérience. C'est un processus qui n'aurait en apparence pas de fin dans cet espace, mais qui, au sein de chaque sphère, en présente une. J’ignore comment ces « caractères » ont été crées, à moins que ce soit l’intention qui les créent. À priori, celui qui a placé son empreinte en tire aussi une expérience dans un processus d’évolution continu. Il existe tellement de sphères que les êtres disposent d’un choix d’expériences immense qui font qu’aucun être ne se soustrait au choix d’imprégner ou de s’imprégner d’un univers. De même, il ne semble pas y avoir de dirigent pour décider de tout ça, mais il y règne sans conteste une grande harmonie ; le « grand architecte » n'est pas présent dans cet espace « inférieur » et n'y apparaît que très brièvement (la main). Les êtres ne semblent pas s'en soucier, et se contentent d'exécuter la tâche qui leurs est destinée.

Comme je ne comprenais pas en quoi consistait cette empreinte, j’ai senti qu’on me laissait tenter l’expérience d’imprégner la sphère que j’avais devant moi. Brusquement, sans l’avoir souhaité, je me suis retrouvé projeté à l'intérieur ; seul. J'ai eu l’impression de me trouver à l’intérieur d’une boule à plasma, dont les limites étaient sensibles, parcourue de lignes fines de lumière grise s’imprimant sans aucune cohérence devant mes yeux (l’image ci-dessous s’en approche). Spontanément, j'ai su quoi faire, même si « mettre son empreinte » n'était pas tout à faire encore à ma portée. Mon ressenti a été d'aller chercher au plus profond de moi quelque chose d'assez précis, de le sentir remonter « à la surface» avec un volume et une certaine densité, puis de le communiquer à la sphère. En comparaison, l'effet est assez semblable à l'énergie que l'on transmet avec les meilleurs intentions à une autre personne. Il est possible que ce soit un son, mais aucun son ne m'a semblé audible - c'est pourtant ce que cela doit être. Le résultat a été immédiat. La couleur de la sphère s’était modifiée brusquement en mauve et violet, avant qu’un violent éclat de lumière se manifeste au centre (big bang) et transforme tout dans son expansion. J’ai alors été éjecté de la sphère, avec crainte, je dois l'avouer. Quelques secondes après, en plongeant de nouveau à l’intérieur de sphère, son environnement était totalement différent : les lignes de couleur avaient fait place à un espace comparable au nôtre - comparable à notre conception visuellement d'un univers. Quelques jours plus tard, en retournant sur les lieux, j'y ai découvert des planètes. Sur l'une de ces planètes, il y avait de l'eau, une île, et des arbres semblables à un environnement tropical. Je n'y suis jamais retourné depuis. Je ne doute pas que chacun y trouve son compte.

Ce n'est que quelques années plus tard que j'ai pu comparer mon expérience avec ce passage du Rig-Veda.



LECTURE 7 HYMNE X. L’Âme suprême (Parâtma)[23]. — Richi : Pradjapati.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Rien n’existait alors, ni visible, ni invisible[24]. Point de région supérieure ; point d’air ; point de ciel. Où était cette enveloppe (du monde) ? dans quel lit se trouvait contenue l’onde ? Où étaient ces profondeurs impénétrables (de l’air) ?
2. Il n’y avait point de mort, point d’immortalité. Rien n’annonçait le jour ni la nuit. Lui seul respirait, ne formant aucun souffle, renfermé en lui-même. Il n’existait que lui.
3. Au commencement les ténèbres étaient enveloppées de ténèbres ; l’eau se trouvait sans impulsion. Tout était confondu. L’Être reposait au sein de ce chaos, et ce grand Tout naquit par la force de sa piété[25].
4. Au commencement l’Amour[26] fut en lui, et de son esprit[27] jaillit la première semence. Les sages (de la création), par le travail de l’intelligence, parvinrent à former l’union de l’être réel et de l’être apparent[28].
5. Le rayon de ces (sages) partit en s’étendant en haut comme en bas. Ils étaient grands, (ces sages) ; ils étaient pleins d’une semence féconde, (tels qu’un feu dont la flamme) s’élève au-dessus du foyer qui l’alimente.
6. Qui connaît ces choses ? Qui peut les dire ? D’où viennent les êtres ? Quelle est cette création ? Les Dieux ont été aussi produits par lui. Mais lui, qui sait comment il existe ?
7. Celui qui est le premier auteur de cette création, la soutient. Et quel autre que lui pourrait le faire ? Celui qui du haut du ciel a les yeux sur tout ce monde, le connaît seul. Quel autre aurait cette science ?

LECTURE 7 HYMNE XI. La Création[29]. — Richi : Yadjna, fils de Pradjapati.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. La toile du Sacrifice[30] s’étend, formée de cent et un fils fournis par les Dévas. Les Pères (des saintes cérémonies) viennent s’asseoir pour tisser cette toile, la monter et la démonter.
2. (Pouroucha, le grand) Mâle[31], développe, découpe, étend cette (toile) dans le ciel. Près de lui sont placés les (Richis) lumineux ; les Chants entrelacent les fils.
3. Quelles furent l’ordonnance et la disposition de ce (sacrifice) ? Quels en furent les ministres, les offrandes ? Comment était faite l’enceinte (sacrée) ? Quel mètre fut employé ? Quel fut le chant préparatoire, et l’hymne que tous les Dieux adressèrent au (grand) Dieu ?
4. Agni vint avec la Gâyatrî ; Savitri avec l’Ouchnih. Soma, aux chants magnifiques, se présenta avec l’Anouchtoubh. Vrihaspati prit la voix de la Vrihatî.
5. La Virât accompagna Mitra et Varouna. La Trichtoubh, qui (célèbre la libation) de midi, (suivit) Indra. Les Viswadévas employèrent la Djagatî. C’est ainsi que prièrent les Richis, enfants de Manou.
6. Oui, c’est ainsi que prièrent les Richis, enfants de Manou et nos pères, à la naissance de l’antique Sacrifice. Avec l’œil de l’esprit je contemple ceux qui les premiers célébrèrent ce Sacrifice.
7. Environnés des hymnes, des mètres, des ordonnances (sacrées), les sept Richis divins ont, tels que d’(habiles) conducteurs de chars, suivi avec fermeté les rayons qui éclairent les voies antiques.

Note
• 23 Ce titre est donné par le commentaire.
• 24 Il n’y avait ni sat, ni asat. Plus bas, je rendrai cette idée par l’être apparent et l’être réel.
• 25 Idée exprimée par le mot tapas.
• 26 Câma.
• 27 Manas.
• 28 Autrement, de Vasat et du sat.


• 29 Le sacrifice journalier est le symbole du grand sacrifice de la création.
• 30 Appelé Yadjna. Voy. page 570, col. 1, note 2.
• 31 Asoura.



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