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Mon histoire, c’est un réveil brutal dans un monde inconnu, hostile et violent. Pourtant, à première vue, ce serait plutôt un monde joli, agréable, un cadre magnifique, étendu, présentant un relief varié, des contrastes de température, de l’eau en très grande quantité, bref, un monde d’une bien grande richesse, avec de la place pour tout le monde, présentant une biodiversité visible et invisible, à en faire pâlir la Lune, caillou à priori stérile recouvert de poussière. Ensuite, il y a des proies, et il y a des prédateurs pour réguler cet habitat. Et puis, il y a l’homme. C’est très difficile d’admettre qu’un homme puisse arriver totalement nu et désarmé, quand d’autres animaux disposent dès leur naissance d’une carapace, ou d’une fourrure, du venin, des griffes, des crocs pour se protéger et se défendre. Mais l’homme chétif dispose comme toutes les autres espèces d’un instinct de survie. Était-ce trop difficile de se mesurer vaillamment aux prédateurs et de défendre courageusement une position juste et dominante ? Était-ce plus facile d’enfermer ceux-ci dans des zoos et de les montrer aux jeunes générations pour qu’ils aient l’illusion de leur soumission ? Est-ce à cause de ses faiblesses physiques qu’il s’imagine maintenant pouvoir détrôner les moisissures et les bactéries de leur première place dominante dans ce réseau tropique ? Est-ce par ce jeu du mimétisme envers les décomposeurs qu’il s’est mit à saccager son environnement et à tout aseptiser avec ses bombes ? Serait-ce si difficile que ça de se trouver une place dans l’équilibre de notre écosystème ?



Je suis un homme, et cet homme ne sait pas pour quelle raison il est arrivé dans cet environnement. Je n’ai pas cet esprit de compétition pour me hisser à tout prix dans l’échelle sociale ; je n’ai pas par habitude un comportement possessif et encore moins agressif ; je ne ressens pas le besoin de soumettre les autres, de tricher, ni de les blesser ; je ne ressens pas de joie à me mêler des affaires des autres, ni à solliciter leur proximité ; j’aurai aimé ne jamais connaître la souffrance, le racisme, la religion, et les non-dits. Je préfère le calme, le silence, et la chaleur humaine, au tumulte d’une rue, au vacarme d’un concert, et à l’hypocrisie. Je souhaiterai qu’il n’y ait pas autant de vocabulaire pour exprimer toutes ces différences, car selon moi ce n’est pas le meilleur moyen de s’entendre, ou simplement de comprendre ses semblables, notre environnement et son homogénéité ; je ne crois pas que ce soit en collant partout des étiquettes de plus en plus précises que l’on parvient vraiment à saisir toutes les différences en ce monde, cela ne sert qu’à prouver notre incapacité à ressentir avec le cœur. Il me semble qu'il manque à beaucoup d’entre nous de cette capacité à s’émerveiller de l’existence de ces différences, en les acceptant plutôt qu’en les réduisant à un critère d’appréciation ou à une normalité qui évolue en fonction des époques.

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