Âme bleue
Cette nuit là, il me semble encore difficile de dire à quoi j’ai assisté. En effet, si je me trouvais en présence d’une âme, celle-ci était d’un bleu profond.
La tête de l’être était légèrement ovale et lisse, légèrement disproportionné et bien qu’aucun trait du visage n’était dessiné, je savais qu’il me souriait. De ne pas voir non plus de cheveux me surprit un peu, mais le trouble se dissipa rapidement. Il rayonnait quelque chose qui me mettait en confiance. Sa transparence ne montrait étonnamment aucun organe interne. En regardant à travers, ma vision s’agrandit aussitôt. Je me trouvais dans un espace sans profondeur, ni haut, ni bas. C’était noir et lumineux à la fois. Au loin, il y avait des points brillants, comparable à une voie lactée ; je ne voyais pas ce que c’était d’autre. De ce point de vue, je vis d’un peu plus loin deux corps graciles face à face exactement semblable sous cette apparence : les visages tournés l’un vers l’autre étaient très proches l’un de l’autre. Leurs jambes se vrillaient jusqu’au bassin dans une étreinte curieuse. Elles s’allongeaient et fusionnaient pour se dissiper ensuite comme la queue d’une comète. De ce point de vue spectateur, les deux corps tournaient lentement dans le sens des aiguilles d’une montre. En dehors de cette rotation, il n’y avait pas de mouvement apparent. Leur étreinte rayonnait beaucoup d’amour. C’était très émouvant. Je pouvais passer tour à tour d’un corps à l’autre. De ce nouveau point de vue, tout paraissait immobile. Je m’identifiais alors aux pensées de chaque être : elles étaient parfaitement distinctes, mais totalement à l’unisson. L’un était d’essence mâle et l’autre d’essence femelle, dans une idée sensiblement approchante. Le plus curieux fut qu’à deux ans d’intervalle, je refis le même songe. Cette fois-ci, la scène se concentrait sur nos avant-bras qui s’enroulaient l’un autour de l’autre (le gauche en l’occurrence) pour se fondre l’un dans l’autre. Bien sûr, j’ignore dans quel espace cela à bien pu se situer. Je garde un bon souvenir de ces instants-là : c’est le sentiment de retrouvailles, de complétude et d’unité qui dépasse de loin tous les états d’être que j’ai pu éprouver jusqu’ici.
Commentaires
Enregistrer un commentaire