Le poids sur les épaules
L’invisible qui m’assistait m’avait demandé de me tenir prêt pour un événement situé dans trois jours. J’ignorais tout des détails, mais pour l’essentiel, je savais que je devrais aller en ville et me laisser guider. Je ne connaissais ni l’heure du départ, ni le lieu où il allait me conduire. ”C’est le moment” me dit l’Invisible. Alors, sans me presser, j’ai pris la voiture et atteint un endroit où il était facile de se garer. J’ai remonté la rue Blatin puis la rue Lamartine. C’était un chemin que j’aimais prendre parce qu’il était calme et peu fréquenté par les automobilistes. Arrivé sur la place de Jaude, je me suis arrêté. ”Par où maintenant ?” demandais-je. Aucune réponse. Je balayais du regard la grande place à la recherche d’un signe. Il y avait beaucoup de monde et il faisait chaud comme à son habitude lorsque le soleil pointe ses rayons. Rien. Je fis un tour complet sur moi-même. ”Là” me dit mon guide. Sans m’en rendre vraiment compte, mes yeux s’étaient posés sur la porte d’entrée de l’église baroque Saint-Pierre-des-Minimes. Une semaine plus tôt, ses portes étaient fermés ; j’aurai bien aimé y entrer. ”Ce n’est pas le moment” m’avait-il répondu. À l’intérieur, il n’y avait pas grande monde. Je suis allé jusque dans le chœur. Il y avait un pupitre qui montrait une page ouverte sur l’Apocalypse. ” quelle violence dans ces mots !” En guise de réaction, mon corps sembla s’étirer vers le haut. Cela ne me surprit pas vraiment : nous étions dans une église. J’ai simplement forcé mon ancrage et continué la visite. La sensation était plutôt agréable et m’invitait à rester quelques minutes de plus à goûter à la fraîcheur du lieu et l’énergie qui m’atteignait. Je me suis installé sur un banc au plus proche du centre. L’architecture intérieure et les détails des boiseries étaient intéressants. Une certaine lourdeur m’envahit me laissant aller à une courte méditation. J’ai sentimes jambes s’ancrer un peu plus, et mon corps de nouveau s’étirer vers le haut. Mes vibrations s’élevaient derechef et c’était une sensation agréable. Tout était calme dans mon esprit. Je me sentais en sécurité et pleinement conscient. Des picotements familiers s’amplifiaient au bout de mes doigts. La charge énergétique au niveau de mes mains prenait peu a peu de l’ampleur tandis que mon aura grandissait. Les yeux fermés, je senti alors une présence se manifester dans mon dos. À première vue, ce n’était pas un touriste. Elle rayonnait un grande force - une puissance masculine - très palpable. Quelque chose se manifesta sur mes épaules, un poids très important dont je n’avais pas conscience jusqu’ici. D’une seul coup, la lourdeur se fit consistante et qui a mon corps comme on retire un lourd manteau. J’éprouvais aussitôt une sensation de légèreté. Mes yeux se sont mis à couler de joie ; cette légèreté était si agréable, si fantastiquement merveilleuse. J’étais extrêmement heureux du cadeau que l’on venait de me faire. C’était donc pour ça toute ce e préparation ?! Un peu hébété, mes pas m’ont conduit vers la sortie. Tout me paraissait différent, et pourtant si semblable. Les gens me regardaient très bizarrement. Il faut dire que j’avais la banane...
Complément : Saint-Pierre-des-Minimes : en 1470, lorsque Saint-François de Paul créa un nouvel ordre religieux, il l’appela « Minimes » parce que l’humilité devait être la première des vertus.
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