"Libères-toi"

Je méditais lorsque la voix m'a interpellé ; elle était audible de nouveau dans la journée, sans rien prononcer de plus ou presque.



D’autres pensées plus claires semblaient lui répondre, subtilement, me réclamant de ne pas y faire attention, d’être prudent, de l’ignorer, en gros, de ne pas y croire. C’était très difficile de savoir si j'étais l'objet de mes propres pensées (1), ou bien si elles venaient d'ailleurs ; dans un cas comme dans l'autre rien dans la tonalité ne les distinguait de ma propre voix, à part, le désaccord de ces pensées qui me paraissait inhabituel ; la voix se manifestait dans la journée de façon spontanée, souvent quand j'étais au calme ou quand je marchais, par exemple. Elle était plutôt lointaine et sourde comme si elle cherchait à s'affranchir d'un obstacle. Elle insistait doucement comme on procède pour réveiller un enfant : "Libères-toi !" Peu à peu, il me semblait possible de voir son émetteur, mais c'était difficile à appréhender à cause de tant de fugacité. "Me libérer de quoi ?" demandais-je à tout hasard. En guise de réponse, je voyais pour la première fois le front et l'arrière de la tête d'un homme brun, aux cheveux raz et à la musculature d’un travailleur de force ; le corps probablement mort était confortablement étendu à 1 mètre du sol dans un fauteuil articulé. Sans attendre, son cerveau était apparu en transparence dans la boite crânienne ; puis cette dernière partie avait subitement disparue. Je voyais distinctement que le cerveau était confiné avec une sorte de résille très fine ; elle était parcourue par quelque chose semblable à une onde vivante ; ce courant avait l'apparence de flammèches éthériques créant autour de la matière grise un écran dont la résille était le support ; sa couleur bleutée était plus foncée à la base du fil qu’à sa périphérie. La voix, un peu plus audible, me dit "c’est comme être emprisonné dans une boite".



Un travelling avant m'avait rapproché de la région occipitale : sans aucune intervention manuelle, un trou s'était bientôt formé dans la résille comme si le procédé nécessitait une intervention depuis l'intérieur du crâne. Le champ électrique s'éliminait au fur et à mesure que le trou s’agrandissait. Finalement, la résille et le champ électrique avait complément disparu. Derrière la tête, il ne subsistait plus qu'un fil assez épais, peut être torsadé, d'un bleu électrique, actif, connecté à un appareillage similaire à celui d'un studio d'enregistrement (à une nuance prêt qu'il n'y avait pas de boutons).


J'étais resté un moment à me demander ce qu'il s'était passé. L'injonction du départ n’avaient plus été prononcés pendant plusieurs heures après le visionnage de cette scène. J’étais même surpris de ce silence intérieur, car j'avais l'impression d'avoir la tête vide - un contraste pour le moins inhabituel. Je m'attendais évidemment à recevoir un flot d'informations, des réponses à mes questions, à entendre ce qu'il s'était passé et de voir mon interlocuteur en chair et en os. La voix était revenu un peu plus tard, de façon claire. Je visualisais aussitôt mon interlocuteur : c'était un petit être (bleu ? gris clair ?) avec une grosse tête sans cheveux et aux longs membres fragiles. Il rayonnait un calme évident, affectueux, diamétralement opposée à cette image agressive des Grays que l’on entendait partout. Avec calme, il m'avait dit que ce n’était pas encore terminé, car le danger était encore présent. Comme pour m’en convaincre, il m'avait montré virtuellement un rectangle très fin, d’un centimètre deux sur trois environ, de couleur noire, présentant un relief ou un motif étrange ; il se situait à l’arrière de la tête, dans une couche du corps subtil à 1 centimètre environ au dessus du crâne. Sans en être averti, une douleur très vive m'avait surprit qui avait duré 1 ou 2 secondes. Après quoi, le rectangle avait disparu.


(1) Jusqu'à maintenant, je n'ai plus jamais entendu la voix de cet être. J'admets volontiers que son intervention ait procuré quelque chose de particulier ; en effet, pendant un certain temps, j'ai vraiment senti que j'étais seul dans ma tête. Avec le temps qui passe, la logique veut que ce soit quand même difficile d'en être absolument sûr - si ce n'est qu'en faisant attention au léger désaccord qui peut paraître inhabituel.

En complément :
La corde d'argent - http://http://fr.wikipedia.org/wiki/Cordon_d'argent

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